Au cours de l’année 2014, le RNNDH et la SOFA ont reçu en leurs bureaux les doléances d’une femme se déclarant victime de révocation arbitraire suite à une longue carrière de plus de 15 ans au sein d’une institution financière[1] connue dans le pays. L’objet principal de sa plainte portait sur les actes d’harcèlement sexuel et moral qu’elle subissait depuis plusieurs années d’un de ses supérieurs hiérarchiques. Et, face à son refus d’accepter, elle s’est retrouvée plutôt pénaliser par une révocation brutale, injuste, ce, en violation des normes administratives desquelles devait régir le fonctionnement de toutes entreprises et/ou institutions d’emploi, tant du secteur public que celles relevant du secteur privé.
En venant en aide à cette femme ayant traversé une longue période de souffrance et de désespoir, les deux (2) organisations ont été surtout frappées par le cynisme et l’opacité avec lesquels l’institution concernée traitait le dossier. Aucune empathie, de la part des dirigeants du Conseil d’ Administration, alors que la femme victime a alerté ses supérieurs hiéarchiques sur le problème, pour chercher du secours, mais aussi, pour interpeller leur vigilance de manière à prévenir d’autre cas du même type au sein de l’institution. Les démarches successives de la part de parents, d’ami-e-s, sont également restées sans suite. L’opacité et surtout l’autisme du Conseil d’Administration de cette institution ont laissé tout le monde perplexe.
C’est pour approfondir les enseignements tirés de ce cas, et en vue de construire des stratégies plus appropriées à la prévention de cas similaires que le RNDDH et la SOFA ont pris l’initiative de conduire cette enquête destinée à impulser une meilleure prise de conscience autour de cette problématique inacceptable de violation des droits des femmes sur les lieux de leur travail.
« L’enquête sur le harcèlement sexuel en milieu du travail en Haïti » rentre dans le cadre d’un projet commun entre la SOFA et le RNDDH qui ont obtenu l’appui financier de OXFAM AMERICA pour sa réalisation. Elle marque un tournant important dans la démarche de travail des deux (2) organisations, qui vise à renforcer leurs actions de plaidoyer et de sensibilisation sur le sujet auprès des décideurs concernés.
L’enquête a eu pour groupes cibles, quatre (4) grands secteurs[2] pourvoyeurs d’emploi de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Les opérations de terrain ont duré deux (2) mois (août –septembre 2014), et il a fallu un calendrier de 1 mois 1/2 pour effectuer la saisie, le traitement et l’analyse des données.
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[1] Nous nous gardons de révéler l’identité de cette institution pour des raisons de sécurité de la femme et les principes
de l’anonymat en droits humains.
[2] Pour des raisons stratégiques, le choix des 4 secteurs était porté sur les : manufactures, travailleuses domestiques
filles en domesticité, fonctionnaires de l’administration publique, banques. A noter que ce dernier secteur n’a pas
répondu aux questionnaires malgré l’insistance de nos enquêtrices-eurs et des démarches formelles du RNDDH et de
la SOFA auprès des differentes directions de banques ciblées, qui toutes ont prétexté toutes sortes d’arguments pour
refuser de participer à l’enquête.